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This article was published 4/2/2017 (1978 days ago), so information in it may no longer be current.
Le Centre du patrimoine géré par la Société historique de Saint-Boniface est devenu le premier centre d’archives au Canada à bénéficier d’un tout nouveau programme pour assurer la protection de ses archives numériques. Son directeur général, Gilles Lesage, va pouvoir dormir en paix.
C’est le cauchemar de tout archiviste: une partie des documents numériques disparait dans un crash informatique. Un scénario catastrophe jusqu’à maintenant plausible pour le Centre du patrimoine. Mais dorénavant, impensable grâce au programme élaboré par le Conseil canadien des archives, en collaboration avec Bibliothèque et Archives Canada.
Il s’agit de la mise en œuvre du concept de "dépôt numérique fiable." En clair: les deux teraoctets de documents numériques actuellement stockés sur le serveur de la Société historique de Saint-Boniface seront bientôt stockés dans trois sites différents, situés dans au moins deux provinces.
Gilles Lesage résume: "Nous possédons un serveur sécure qui a été spécialement conçu pour le stockage des données. Il est capable de recevoir 16 teraoctets de documents. Le problème jusqu’à maintenant, c’est qu’un malheur était toujours possible : perdre une partie ou la totalité des documents stockés. La seule façon de contourner le problème, c’est d’entreposer les données dans deux ou trois endroits différents."
Avec un sourire, il apporte une précision. "Puisque nous sommes les premiers au Canada à profiter de ce programme de sécurisation de nos archives numériques, nous sommes aussi les premiers à recevoir une formation spéciale pour effectuer les transferts des données vers les autres serveurs. Nous avons choisi, un peu symboliquement je dois le dire, de rôder ces transferts avec les années de La Liberté de 2000 à 2005."
Le programme "dépôt numérique fiable" comprend trois niveaux de service. Le premier consiste à assurer le stockage des données à des coûts très favorables: 3 000 $ par an pour deux teraoctets. (Un entreposage commercial coûterait au moins 10 fois plus.) Le deuxième niveau de service vise à améliorer la description et la migration des données. Le troisième niveau de service a pour but d’assurer en plus une accessibilité sur le web.
Gilles Lesage, qui est retourné à la Société historique en 1997 après en avoir été le directeur général entre 1983 et 1990, est sensible à ces différentes dimensions de services dans la perspective d’un long-terme.
"Nous savons très bien que les machines et les logiciels vont continuer d’évoluer. Qui n’a pas déjà fait face au problème de ne plus être capable d’ouvrir un document? Un document en Word ou en Word Perfect de la première génération est perdu, illisible. Dans le monde des archives, la capacité d’assurer en tout temps la lisibilité des documents est essentielle. N’oublions jamais que plus ça devient complexe, plus c’est fragile."
Outre la question centrale de la lisibilité des documents, il y a aussi celle de la qualité archivistique de leur numérisation. Gilles Lesage est très conscient des problèmes liés à l’obsolescence de la technologie numérique, à l’amélioration des niveaux de résolution et, malgré la miniaturisation, à la croissance de l’espace disponible. Tous ces phénomènes se produisent d’ailleurs dans un contexte où le rapport qualité-prix devient toujours meilleur.
"Les versions d’images à l’Internet sont toujours à basse résolution. Autrement dit, plus on agrandit une image, plus on perd des détails. Pour qu’une image puisse donner un maximum de renseignements, il est très important qu’elle soit produite à haute résolution. Pensons juste aux photos prises avec un téléphone il y a cinq ans. Leur qualité fait pitié par rapport à aujourd’hui."
Les archivistes du monde entier font aussi face à un problème particulier engendré par le nouveau monde numérique. "Avant, on allait consulter des choses précises et distinctes. On allait dans une bibliothèque pour des livres, dans une cinémathèque pour des films. Ce qui disparaît avec le numérique, c’est la distinction des genres qui existe avec les documents analogues, comme les textes, photos, enregistrements sonores, films.
"Tout à coup avec le numérique, si on veut tout savoir sur un sujet, il suffit de googler sur Internet. Tout ça fait partie de la nouvelle réalité apportée par le numérique. Pour un archiviste, ça veut dire que la seule façon d’archiver un document créé électroniquement, comme un document Word, un courriel, une page web, c’est de le conserver en format numérique."
bocquel@mymts.net