‘Mes origines sont tatouées sur ma peau’

André Bila, l'auteur de Ne le dites pas aux Africains

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Il a réchappé au spleen des venus “d’ailleurs.” Ces autres, qui sans trop savoir pourquoi, jamais ne se sentent apaisés. De cette douleur de déraciné, André Bila en a fait un livre. Ne le dites pas aux Africains retrace son parcours jusqu’à aujourd’hui. Jusqu’à la guérison.

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This article was published 15/04/2017 (3099 days ago), so information in it may no longer be current.

Il a réchappé au spleen des venus “d’ailleurs.” Ces autres, qui sans trop savoir pourquoi, jamais ne se sentent apaisés. De cette douleur de déraciné, André Bila en a fait un livre. Ne le dites pas aux Africains retrace son parcours jusqu’à aujourd’hui. Jusqu’à la guérison.

En quittant la République démocratique du Congo, il était aux étoiles. Comme on peut l’être à 17 ans, la tête pleine de rêves et d’espoirs à profusion. En 1996, Bila déménage au Canada avec sa mère, sa sœur et ses deux frères. “Les raisons qui nous ont fait partir à l’époque sont les mêmes pour lesquelles on quitte encore l’Afrique aujourd’hui. L’instabilité, la précarité sociale surtout,” résume-t-il.

Depuis, le Zaïre de Mobutu n’est plus. Et pourtant la jeunesse subsaharienne songe toujours à un ailleurs, biberonnée aux séries U.S., aux Romney Studios et aux magazines sur papier glacé. La famille se pose ainsi à Montréal. “On y parlait français: le choix s’est présenté naturellement.” Vite, la flamme qui l’avait fait s’éloigner de son pays vivote. Pour brusquement s’éteindre. “Tout ce dont j’avais rêvé n’était pas faux. Seulement erroné.”

Sans l’admettre réellement, le jeune homme survit. Sans finir ses études de cinéma, il s’improvise aide-maçon. Sa première emploi. Avec les années, il plaisante: “Ça a duré trois jours! J’ai très vite été démasqué.”

L’urgence financière le pousse à enchaîner divers emplois, dans le manuel surtout. “Il fallait bien vivre.” Toujours dans la métropole, Bila expérimente la vie dans ce qu’elle a de plus dur. Mais aussi dans ce qu’elle a de plus doux.

2005, sera l’une de ces périodes plus tempérées. Après un diplôme en soins infirmiers, c’est en intérim qu’il sera appelé à aider les autres. Le congolais relate: “Je travaillais en gérontologie. C’est l’une des plus belles expériences de ma vie. Je prenais le temps de poser des questions à ceux qui avaient vécu, de savoir quels étaient leurs rêves, leurs regrets.” Ses rêves à lui restent en sourdine.

Bila analyse: “J’ai vite trouvé le problème. Je réfléchissais comme un congolais alors que je vivais à Montréal. C’est une guerre interne que beaucoup d’immigrants vivent. Seulement, les gens ne la voient pas.” C’était en 2007, durant le blues de l’hiver. Le jeune homme se fait violence. Lui et son “âme mutilée” repartent au pays.

D’abord, il admet l’échec. Parti pour un mois, il en restera sept. Il reprend: “J’ai découvert que je n’étais même plus congolais. J’étais devenu un être hybride. Et une fois qu’on l’a compris, c’est une force.”

La guerre interne se fait voyage intérieur. En redécouvrant son pays, il se trouve. Sans but, il se promène. L’Égypte, la France, la Belgique. Bila cherche des réponses: “Suis-je le seul à me sentir comme ça?” L’entreprise d’écriture débute.

La machine lancée, c’est à d’autres qu’il s’adresse pour noircir ses pages. Il rencontre des africains, des familles, des européens. Intégrés, mais malheureux. Sans savoir pourquoi. Avec le temps, il distingue le mal dont il souffre, ses symptômes. Une dizaine au total pour définir “l’aigreur qui, quand elle est bien installée, cause la cécité.” Tout était dit. Fallait-il encore soigner la pandémie avant qu’elle ne se propage plus encore.

Pour y pallier, il lance en 2010 un magazine, Congolais fiers de l’être. Sa bataille. “Faire rêver. Si je veux pouvoir aider les autres, je dois être une preuve que ça marche. Prouver qu’on peut venir de nulle part et quand même performer. Ça n’a pas toujours été facile pour moi. Mes origines sont tatouées sur ma peau.” En sept ans, le trimestriel comptera jusqu’à 72 000 lecteurs.

Petit à petit, la rémission approche. Jusqu’à ce jour de fête. Bila achète un bouquet pour sa mère: “J’ai vu que toutes ces fleurs, de formes et couleurs différentes, arrivaient à se compléter. J’étais guéri.”

De cette guérison, il a fait un ouvrage, Ne le dites pas aux Africains, imprimé en 2015; 200 pages d’une route unique, et peut-être si semblable à d’autres. D’une route pas si tracée, celle d’un homme qui s’est recentré sur lui-même. La solution à bien des maux? À coup sûr, soutient Bila: “J’ai arrêté de croire et de rester assis. Je ne suis plus dans l’hésitation, car je sais que tout est possible. Je crois et je marche.”

presse7@la-liberte.mb.ca

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